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Imaginer le récit de demain du littoral camarguais

Le 13 décembre dernier, s’est tenu le deuxième Comité de pilotage (COPIL) de la stratégie « littoral » à l’auditorium « Les 2 Rhônes » à Fourques. Une centaine d’acteurs du territoire (communes, associations, entreprises, syndicats, services de l’état …etc) a découvert les différentes familles de scenarii développées par le SYMADREM, suite aux réflexions menées lors des Comités techniques.

Ce sont au total 39 scenarii qui ont été présentés allant d’un extrême à l’autre, en terme de planification, pour anticiper l’évolution de la submersion marine et l’érosion du littoral. Cette réunion signe une avancée importante pour la stratégie du littoral. Il s’agit aujourd’hui de définir le récit à construire pour la Camargue de demain. Une fois, ce point d’étape important passé, la dernière phase consistera à étudier en détail ces scenarii, définir leurs coûts et décider de la stratégie à retenir.

La stratégie « littoral », une occasion unique d’apporter une solution collective

Le SYMADREM a hérité de l’élaboration de la stratégie du littoral, du Grau-du-Roi à Port-Saint-Louis-du-Rhône, lors du transfert de la compétence GEMAPI en janvier 2020. Le long de ces 100 kilomètres de côte, il s’agit de répondre à l’échelle interrégionale, aux enjeux de submersion marine et d’érosion littorale et d’apporter un solution collective et équilibrée sur le territoire pour faire face au défi de l’élévation du niveau de la mer liée au changement climatique.

Le Saviez-vous ?

Quel que soit le scénario du GIEC retenu, le niveau de la mer augmentera. Sur la période 1993-2019, la hausse du niveau de la mer Méditerranée a été de 3 mm par an. A l’horizon 2100, 32 000 personnes en Camargue seront concernées par la submersion marine et 400 par l’érosion du trait de côte.

L’objectif de la stratégie est d’apporter une réponse :

  • technique pour réduire le risque de submersion marine et d’érosion du trait de côte par un panel de solutions adaptées aux enjeux du territoire ;
  • durable pour faire face aux projections d’élévation du niveau de la mer à l’horizon 2100 ;
  • efficace économiquement en visant une rentabilité des ouvrages à moins de 50 ans ;
  • sociale et environnementale en tenant compte des enjeux et des atouts du territoire ;
  • réglementaire en étant conforme aux textes législatifs et réglementaires.

La stratégie sur le littoral du Grand Delta du Rhône se découpe en trois phases :

  • En premier lieu, l’élaboration d’un diagnostic préalable, qui a été validé par le premier Comité de pilotage, le 15 septembre 2022 et par le Comité syndical du SYMADREM le 17 octobre 2022 ;
  • La phase actuelle de définition des réponses possibles. Un panel exhaustif de réponses possibles est présenté pour faire face aux problématiques de submersion marine et d’érosion côtière mises en évidence dans le diagnostic. A ce stade, aucune réponse n’est priorisée ou privilégiée par rapport aux autres.
  • Pour terminer, l’étude des réponses possibles et le choix de la stratégie retenue. Lors de cette dernière étape, il s’agira d’étudier les différentes réponses possibles définies lors de la phase précédente. Elles feront l’objet de modélisations numériques et d’analyses économiques, de façon à mettre en évidence l’impact de la réponse sur les différents enjeux identifiés lors du diagnostic. Le choix de la réponse à retenir sera soumis au vote du Comité de pilotage puis au vote du Comité syndical du SYMADREM.

La stratégie littoral débouchera sur l’élaboration d’un PAPI (Plan d’Action de Prévention des Inondations) Littoral.

Inventer le récit de demain du littoral camarguais

Afin de présenter un large panel de solutions possibles, le SYMADREM a choisi d’illustrer les réponses à travers différents récits plutôt que de présenter des éléments techniques. Les différentes typologies, ou « familles » de solutions proposées ont été regroupées en 6 catégories :

  • La famille « fixiste », dont le récit est « Je protège toute la Camargue, je maintiens le trait de côte actuel » ;
  • la famille « attentiste » : « Je maintiens la situation actuelle dans l’attente d’y voir plus clair » ;
  • la famille « protection en recul par rapport au rivage » : « Je protège toute la Camargue mais pas en front de mer, sauf au droit des zones urbanisées » ;
  • la famille « protection rapprochée autour des zones urbanisées » : « Je protège uniquement les enjeux urbanisés » ;
  • la famille « réduction de la vulnérabilité » : « Je fais le choix de la protection individuelle plutôt que la protection collective» ;
  • la famille « repli/abandon » : « Je ne pourrai pas lutter, j’organise le déménagement partiel ou total de la Camargue ». 

Trois des six familles de solutions sont centrées sur de la protection collective par des ouvrages et des solutions fondées sur la nature. Dans les scénarii de « protection », des aménagements en gestion souple sont prévus, comme le renforcement dunaire par exemple. Lors de la présentation en COPIL, le SYMADREM a déjà commencé à sonder les sensibilités de chacun des acteurs en leur proposant de se prononcer pour chaque scénario à l’aide d’un outil de sondage interactif. Ces premiers résultats, en temps réel, ont permis à tous de pressentir les futures solutions plus ou moins acceptables.

Et la suite ?

La prochaine étape de la stratégie pour le littoral camarguais de demain, prévue pour la fin d’année 2025 – début d’année 2026. Elle consistera en une analyse plus fine des réponses possibles à apporter. Les scenarii seront analysés et comparés entre eux via une analyse multicritères qui estimera :

  • L’efficacité du scénario vis-à-vis des risques de submersion et d’érosion ;
  • L’impact environnemental et paysager du scénario ;
  • L’impact sur les usages et l’acceptabilité ;
  • La pertinence économique ;
  • La faisabilité juridico-administrative et la compatibilité avec les stratégies et les plans de gestion existants.

En parallèle, le SYMADREM a confié au CEREGE la maitrise d’œuvre pour l’étude et la réalisation de la cartographie locale d’exposition au recul du trait de côte à 30 et 100 ans, dont les résultats sont attendus pour la fin de l’année 2025.