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Retour sur une Crue du Rhône inhabituelle pour un mois de mars

A la suite d’un épisode méditerranéen exceptionnel qui a touché le quart sud-est de la France, le Rhône a connu le 10 mars dernier une crue éclair déjouant toutes les statistiques et les prévisions en cette période de l’année.

L’épisode méditerranéen se caractérise par d’intenses précipitations, équivalentes à plusieurs mois de pluie tombant en quelques heures ou quelques jours. Ces pluies méditerranéennes se concentrent dans les Alpes du Sud, le couloir rhodanien ou les Cévennes. Le mois de mars 2024 a été marqué par une succession de quatre épisodes méditerranéens. L’épisode des 8 et 9 mars a touché les Cévennes ainsi que les plaines Gardoises et Est-héraultaises. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, il s’agit du mois de mars le plus pluvieux depuis le début des mesures en 1959., le cumul mensuel moyen sur la région est de l’ordre de 230 mm, contre 57 mm attendus pour la normale de saison.

Pourtant, historiquement les épisodes méditerranéens surviennent pendant l’automne, d’octobre à décembre. Les précipitations des 8, 9 et 10 mars ont provoqué une crue de 7 000 m3/s qui, bien qu’elle soit fréquente en termes d’observation entre septembre et janvier (période de retour d’environ 3 ans), représente un phénomène exceptionnel en cette période de l’année. Sur la période 1816-2024, cette crue est la deuxième crue la plus importante jamais observée durant un mois de mars, ce qui permet de la qualifier de très rare , sans doute les signes du dérèglement climatique. Il faut remonter à 1960 pour voir le Rhône dépasser les 7 000 m3/s durant un mois de mars. Cette année-là, le fleuve avait alors atteint 7 086 m33/s. Nous devons chercher encore plus loin pour retrouver des événements semblables : le Rhône avait atteint 6 988 m3/s en mars 1937  et 6 926 m3/s en mars 1891.

La crue éclair du 10 mars n’a pas posé de souci majeur de sûreté et de surveillance. Le SYMADREM, responsable de la mise en œuvre des consignes de gestion de crue, arrêtées dans le Plan de Gestion des Ouvrages en Période de Crues (PGOPC) a déclenché l’état « d’alerte 1 », deuxième niveau d’état d’alerte sur les cinq existants. L’alerte 1 a entrainé la fermeture des ouvrages hydrauliques traversants, le traitement préventif de terriers de blaireaux sur la rive gauche du Petit Rhône et une surveillance permanente des digues par les gardes-digues le temps de la crue et de la décrue, afin d’éviter tout désordre éventuel. Cet évènement exceptionnel pour un mois de mars est donc surtout préoccupant sous le spectre du dérèglement climatique qui modifie les caractéristiques et l’occurrence des phénomènes climatiques connus.