Depuis 2 ans le SYMADREM pratique le fauchage tardif sur ses digues. En quoi cela consiste-t-il ? Quelles contraintes pour quelle efficacité ? Quels sont les autres types de fauchage envisagés ?
Terriers de blaireaux, érosion, affouillement… tous ces désordres font l’objet d’une attention quotidienne de la part des gardes-digues sur les 220 km de digues fluviales. Le terrain a donc besoin d’être dégagé pour repérer rapidement toute détérioration qui pourrait conduire à une brèche en cas de crue. Pour cela, le SYMADREM organise trois campagnes de fauchage par an. « Auparavant, nous organisions le débroussaillage des digues au printemps quand la végétation était dense, en été et à la fin de l’automne, explique Séverine Chardès, chef du service exploitation et sûreté. Toutefois, ces périodes étaient en décalage avec la biodiversité présente sur nos ouvrages. En 2019, nous avons donc décidé de passer au fauchage tardif ». Ce dernier permet, en décalant la période de faucardement, de respecter le cycle de reproduction de la flore et de la faune. Il facilite également l’implantation d’espèces plus fragiles comme les orchidées. Anthony Olivier, garde gestionnaire du bois de Tourtoulen à la Tour du Valat, constate :
« En fauchant au printemps, beaucoup d’espèces de plantes n’ont pas le temps d’arriver à la floraison et encore moins à la fructification. En ne se reproduisant pas, on assiste à un appauvrissement floristique. Les insectes (papillons, abeilles, bourdons…) ne peuvent pas polliniser et se reproduire (cas en particulier de la Diane, papillon protégé). Les oiseaux ont moins de nourriture. On observe alors un affaiblissement du système dans sa globalité ». Séverine Chardès, indique : « Au SYMADREM nous avons fait le choix, d’avancer la première période de coupe à février et de ne repasser qu’au mois de juin ».
Une décision qui, parfois, complique le travail des gardes-digues. Frédéric Deveye et Thierry Liabœuf, gardes-digues au SYMADREM, s’accordent tous deux : « Nous comprenons l’intérêt écologique mais le passage de février est un peu trop tôt. On ne fauche pas grand-chose. Ensuite nous devons attendre juin. C’est dans cet intervalle que la végétation se développe le plus, notamment les chardons. Nous nous retrouvons facilement avec 50 cm d’herbe en fin de période. Nous manquons de visibilité sur les éventuels désordres qui seraient cachés sous la végétation. Cette situation ne facilite pas non plus la circulation sur les digues ou encore les différents travaux comme le bûcheronnage ».
Anthony Olivier dont le secteur de travail longe les digues sur 2 km a cependant vu la différence : « Depuis l’arrêt du fauchage au printemps, il y a beaucoup plus de fleurs. Les plantes arrivent à effectuer leur cycle. Il y a également nettement plus d’insectes et probablement plus d’amphibiens ou de reptiles maintenant qu’ils sont épargnés par les épareuses ».
Des avis partagés, dont Séverine Chardès est consciente : « Il n’y a pas de bonne solution. C’est compliqué à mettre en place pour que tout le monde tire les bénéfices de ce fauchage tardif. Cette expérience nous permet d’avoir un premier bilan. Nous allons repenser notre façon de faire, d’autant plus que des pistes restent à explorer comme améliorer le zonage des espaces à protéger, revoir nos hauteurs de coupe, faucarder sur une période plus courte, ne faucher que la crête de digue et laisser les pieds en herbe. Il y a également la solution de l’éco-pâturage que nous avons testé cette année au mois d’avril. Faire appel au pastoralisme nous éviterait une campagne de fauchage mécanique. C’est à réfléchir. Nous pouvons aussi imaginer de mixer les techniques (fauchage tardif, éco-pâturage) en fonction des zones d’enjeux écologiques ».