Fonte des glaciers alpestres, fonte des neiges et pluviométrie sont autant de sources d’alimentation du Rhône. Ses affluents étant soumis à des influences climatiques différentes, les crues afférentes le sont tout autant. Quels sont les effets du réchauffement climatique sur le fleuve et ses crues ?
Le Rhône a différents affluents. Les affluents en rive droite, l’Ardèche, la Cèze et le Gard ont des débits moyens faibles et des étiages (débit minimal d’un cours d’eau) très marqués. Ils influent sur le débit du Rhône le plus souvent en automne à l’occasion d’épisodes météorologiques dit cévenols entraînant de fortes crues-éclair (quelques jours). En rive gauche, la Drôme, l’Aigues et l’Ouvèze, sont soumis à des épisodes méditerranéens générant des crues moins violentes. Ils n’ont qu’une faible influence sur le débit du Rhône. Enfin, la Durance est une source importante du Rhône même si ses aménagements réduisent le débit apporté au fleuve. Quand tous ces phénomènes météorologiques se combinent, on parle d’épisode généralisé pouvant donner lieu à de grosses crues telles que celles de 1840 et 1856. Le Rhône n’est pas à l’abri des conséquences du réchauffement climatique et l’effet sur ses crues est peu connu.
Une diminution du débit moyen à l’étiage
En effet, plusieurs études ont établi que l’augmentation de la température annuelle moyenne sera accompagnée d’une baisse des précipitations estivales allant de – 15 % à – 25 %, à moyen terme (2041-2070). Cette diminution des pluies aura pour conséquence l’abaissement des débits d’étiages pour une majorité de cours d’eau y compris pour le Rhône.
L’agence de l’eau envisage notamment une diminution de 20 % du débit d’étiage du Rhône d’ici 2055, par rapport à aujourd’hui.
Des incertitudes importantes sur les débits de crue
L’analyse des débits des crues passées du Rhône, ne montre aucune tendance de changement de leur occurrence de 1816 à 2016*. D’autre part, en ce qui concerne l’effet du réchauffement climatique sur les crues, les incertitudes sont importantes.
Les différentes études menées à ce sujet ne font pas consensus. Les crues étant des éléments brefs (3 jours en 2003), on ne peut pas les corréler avec un régime annuel d’écoulement.
Par exemple, en 2003, le débit moyen annuel était très bas (1 300 m3/s) et le territoire a connu la plus forte crue depuis 1856 avec un débit de 11 500 m3/s (débit à la station de Beaucaire-Tarascon).
L’augmentation des événements extrêmes, donc des crues, est vrai localement mais à l’échelle du Rhône et de son bassin versant très étendu (95 500 km²), c’est plus délicat à affirmer. Il peut y avoir localement un ou deux affluents en crue et les autres en étiage, minimisant ainsi le phénomène.
Il est aussi juste de dire qu’une méditerranée chaude aura tendance à intensifier la fréquence des événements cévenols. Néanmoins, il est plus difficile de conclure que cela engendrera une augmentation de la fréquence des crues du Rhône.
* Analyse menée par la DREAL AURA en 2018