Si 400 personnes sont concernées par l’érosion du trait de côte à l’horizon 2100, 32 000 personnes le sont par la submersion marine. Un phénomène bien plus important que l’érosion côtière en termes de risque, de personnes touchées et de dommages possibles. D’autant plus, qu’il touche 15 des 20 communes situées dans le delta.
La submersion marine désigne une inondation temporaire de la zone côtière par la mer dans des conditions météorologiques extrêmes. Elle est la conséquence d’une tempête marine, elle-même générée par une baisse de la pression atmosphérique et des vents forts soufflant vers la terre. La tempête marine se caractérise par une surcote marine (élévation du plan d’eau) et le déferlement de vagues, qui selon son intensité peut dépasser le niveau des digues.
Le diagnostic du Symadrem a mis en évidence que 16 000 logements pourraient être touchés par une tempête majeure quand 500 logements seraient touchés par l’érosion du trait de côte à l’horizon 2100. La submersion marine représente ainsi le risque majeur du territoire.
Ce phénomène de submersion marine va sensiblement s’aggraver avec l’élévation du niveau marin. Une augmentation de 7 cm du niveau de la mer est déjà observée au droit du pertuis de la Fourcade (Saintes-Maries-de-la-Mer) en 20 ans environ, ce qui est conforme aux observations du GIEC.
Des événements majeurs de submersion marine de plus en plus fréquents
De ce fait, les événements majeurs de submersion marine seront de plus en plus fréquents entraînant, sans aménagements complémentaires, des dommages de plus en plus importants.
Étant donné que le niveau moyen des mers sera plus haut, les tempêtes observées aujourd’hui tous les 100 ans, frapperont la côte camarguaise, tous les 5 à 10 ans en 2100. C’est ce processus qui explique l’augmentation de la fréquence des tempêtes dommageables.
Ce principe a été étudié par les équipes du SYMADREM à l’échelle du delta. On estime, à ce titre, qu’une tempête centennale aura une occurrence entre 5 à 10 ans à horizon 2100, ce qui correspond à une augmentation du risque 10 à 20 fois plus importante.
On estime à 99 % le risque d’avoir des entrées d’eau massives par submersion marine dans le grand delta du Rhône avant 2050 et 65 % avant 2030. Il existe également un risque de 10 % pour que les espaces urbanisés soient touchés avant 2030 et 40 % avant 2050.
Enfin, en considérant une élévation du niveau marin de 56 cm en 2100 (scénario médian du GIEC), le montant annuel moyen des dommages causés par une submersion marine sera multiplié par 2 à l’horizon 2050 et par 5 à l’horizon 2100.
A partir de 2070, les dommages aux logements et aux entreprises seront majoritaire. Il reste donc une dizaine d’années pour apporter des solutions durables.
Ces dernières sont à l’étude. Elles devront être rentables économiquement à 50 ans, durables pour faire face à la montée des eaux et soutenables financièrement. En effet, il ne s’agit pas de créer des protections que l’on ne pourrait pas entretenir faute de ressources financières suffisantes. En outre la réponse à apporter devra tenir compte des enjeux environnementaux du territoire et des contraintes réglementaires.