« Le pertuis de la Fourcade est un ouvrage majeur pour notre territoire, affirme Isabelle Hénault, experte qualifiée par la municipalité des Saintes-Maries-de-la-Mer. C’est à la fois un rempart de protection pour le village mais c’est aussi un outil indispensable à la continuité écologique. Le Vaccarès fait partie de la réserve nationale depuis 90 ans, c’est une zone Natura 2000, une zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF), un site Ramsar (zone humide d’importance internationale)… son caractère remarquable n’est donc plus à démontrer. Il faut le protéger de la hausse du niveau de la mer et gérer les entrants d’eau salée et les entrants d’eau douce, de façon à lui garder sa spécificité de lagune méditerranéenne ».
Une gestion des eaux complexe
L’étang du Vaccarès est un étang saumâtre où le taux de sel a son importance pour la biodiversité. La gestion des eaux doit être habile. « Le pertuis de la Fourcade est là pour assurer cette gestion. Les consignes de fonctionnement de l’ouvrage sont données par la Commission exécutive de l’eau (CEDE). Quand il y a un vent de nord, nous ouvrons les martelières pour évacuer le stock de sel trop important dans l’étang. Quand la situation est stable, une martelière est ouverte à moitié pour permettre une continuité écologique et laisser passer les poissons. Enfin, quand la mer est haute, le pertuis est fermé pour éviter qu’il n’y ait trop d’eau salée. Toutefois, nous n’avons pas la possibilité d’intervenir librement lors de la migration des poissons et cela pose problème. À noter également que cet ouvrage sert à évacuer les eaux en cas d’inondation du Rhône. Néanmoins, sa vétusté actuelle ne nous permet pas de l’utiliser dans de bonnes conditions » explique Isabelle Hénault.
Une réhabilitation complète de l’ouvrage de ressuyage a donc été décidée par les différentes parties prenantes (Les Saintes-Maries-de-la-Mer, le parc régional de Camargue et le SYMADREM). Cette réfection s’est assortie d’une demande spécifique de la commune des Saintes-Maries-de-la-Mer, à savoir, l’intégration de deux passes à poissons suite à l’étude menée conjointement avec BRL, en 2017.
Un ouvrage fragile
Le diagnostic approfondi du pertuis de la Fourcade a démontré sa grande fragilité et la nécessité de le reconstruire. Les travaux définis à un niveau avant-projet comprennent donc :
- La démolition de l’ouvrage actuel (constitué de deux pertuis distincts) ;
- la reconstruction d’un nouvel ouvrage avec une capacité de ressuyage doublée (une optimisation des dispositifs de vannage a été menée) ;
- le décalage de l’épi Est, rendu nécessaire du fait de l’élargissement du pertuis ;
- l’intégration d’un dispositif de continuité écologique avec la création d’une passe à poissons et d’une passe à anguilles, qui permettront aux espèces de rejoindre les étangs ou la mer même lorsque les vannes seront fermées.
« Il est important de noter que la mise en place d’une passe à poissons entre une lagune et la mer, est une première. Il n’en existe pas d’autre »
Isabelle Hénault
Le doublement du pertuis de la Fourcade entre dans le cadre du plan Rhône. Le montant de l’opération est estimé à 3,42 millions d’euros. Les travaux doivent débuter en 2023 pour une durée de 17 mois.
« La municipalité ne fera peser aucune contrainte sur le déroulé des travaux. Elle assumera même s’ils ont lieu en période touristique. C’est un beau projet qui apportera beaucoup à tous ceux qui sont impliqués », conclut Isabelle Hénault.